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La culpabilité : ennemie ou alliée


Deux hommes de dos qui se tiennent par les épaules


La culpabilité en CNV : de la soumission à la responsabilité

La culpabilité, c’est ce petit tribunal intérieur qui se déclenche dès qu’on a dit ou fait quelque chose qu’on regrette. D’un côté, il y a « celui qui agit » et de l’autre « celui qui juge », notre fameux « éducateur chacal intérieur ». Et entre les deux, un gouffre d'incompréhension.

En CNV, on ne considère pas la culpabilité comme une preuve que nous serions « mauvais ». On la voit plutôt comme ce qu'elle est vraiment, c'est-à-dire un conflit intérieur entre 2 aspects de nous nourri par notre éducation et nos conditionnements.


À quoi sert la culpabilité ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la culpabilité a des avantages. Dans le paradigme « chacal » (celui qui juge, critique, exige), elle sert à maintenir un certain ordre social. Elle pousse à respecter des règles communes, elle peut renforcer l’appartenance, le cadre, la reconnaissance. Bref, elle contribue à faire « tenir » le vivre-ensemble.

En l’utilisant sur les autres, la culpabilité est même redoutable : c’est un moyen d’obtenir qu’ils fassent ce qu’on attend d’eux. Un vrai levier de pouvoir.

Mais pour soi comme pour les autres, le prix à payer est lourd.


Les inconvénients : quand la culpabilité ronge

Dans la relation aux autres

Agir par culpabilité, c’est agir par obligation à partir de référence externe.

Ça veut dire faire les choses non pas avec l’élan du cœur, mais avec la peur en moteur. Et la peur, ça ne nourrit pas la relation.

En réalité, lorsqu’on obtient quelque chose grâce à la culpabilité, on sème souvent du ressentiment. La personne en face ne se sent pas respectée dans sa liberté de choix.

Dans la relation à soi

Quand on se sent coupable, on s’accuse d’être une « mauvaise personne ».

On s’accroche au passé, on rumine, et on perd confiance en soi. L’estime de soi s’effrite, et notre énergie diminue.

Marshall Rosenberg (le créateur de la CNV) décrivait une sorte d’échelle descendante de signaux sonnettes d'alarme :

  • Colère : encore de l’énergie, possibilité d’agir.

  • Culpabilité : énergie en baisse.

  • Honte : envie de se cacher.

  • Dépression : déconnexion totale de ce qui est vivant en nous.


Le mécanisme de la culpabilité

La culpabilité nous attache au passé (on rumine) et pas au présent.

T0 – L’action

Il se passe quelque chose. Le faiseur de choix fait une action. Il agit avec la conscience, l’environnement et les moyens qui sont les siens à cet instant précis.

Exemple : Je m’inscris à plusieurs stages CNV en début d’année, parce que les places partent vite.

T1 – Un nouvel élément entre en jeu

Exemple : La veille d’un stage, ma fille me dit : “Tu pars encore ?”

L’éducateur chacal intérieur juge l’action que le faiseur de choix a faite avec l'intention de l’éduquer. Il utilise des exigences et des jugements parce qu’il a l’espoir fou que le faiseur de choix mesure l’impact de son action. Il évalue et dit ce qui ne va pas sans tenir compte du temps et de l’environnement.

Il juge ce que j’ai fait à partir des conséquences de ce que j'ai fait et me lance : « Tu aurais dû penser qu’elle se sentirait abandonnée ! »

Résultat : je culpabilise parce que je crois ce que me dit mon éducateur chacal sans me relier à l'intention de la part qui a agit.

Transformer la culpabilité

La CNV invite à se reconnecter à ses aspirations profondes en créant une passerelle entre la part qui a agit et celle qui juge le résultat de l'action. Elle invite à transformer la culpabilité en nous connectant à nos besoins en s'appuyant sur le postulat suivant :

À chaque instant, chaque être humain fait de son mieux avec la conscience, l’environnement et les moyens dont il dispose.

Autrement dit, je n’ai pas « mal agi ». J’ai agi du mieux que j'ai pu à ce moment-là.

La transformation consiste donc à :

  • Écouter la part de moi qui juge.

  • Écouter la part qui a agi.

  • Voir quels besoins étaient vivants dans les deux cas.

En me connectant à tous ces besoins, la CNV m'invite à accueillir mes regrets en prenant le temps de faire le deuil de ce que j’aurais aimé faire autrement afin d'apprendre et de m’engager différemment pour l’avenir.


« J’aurais dû » ou « j’aurais aimé » ?

Cette nuance est précieuse.

  • « J’aurais dû… » entretient la haine de soi, bloque l’apprentissage et nourrit la culpabilité.

  • « J’aurais aimé… » ouvre la porte à l’apprentissage, sans reproches.

Par exemple :

  • « J’aurais dû prendre soin de mon enfant. » → reproche et culpabilité.

  • « J’aurais aimé prendre soin de mon enfant différemment. » → regret constructif.


Le point de bascule

Quand je prends conscience des besoins que mon action a nourris malgré tout, quelque chose s’apaise.

Oui, j’ai peut-être raté une stratégie. Oui, j’ai des regrets. Mais je peux aussi voir que j’ai fait de mon mieux avec l'intention légitime de prendre soin de certains besoins.

La culpabilité perd alors de son emprise pour entrer dans une véritable prise de responsabilité de mes actions et une capacité à assumer pleinement les conséquences de celle-ci.

Danser avec la culpabilité

La CNV propose le processus suivant pour transformer une culpabilité :

  1. Identifier la culpabilité.

  2. Voir le mécanisme à l’œuvre.

  3. Accueillir les regrets et les besoins insatisfaits.

  4. Reconnecter avec les besoins qui étaient vivants au moment de l’action.

  5. Transformer le jugement en apprentissage.

C’est une danse intérieure. Pas toujours facile, parfois un peu douloureuse. Mais chaque pas nous rapproche d’une vérité simple : nos besoins ne sont jamais contradictoires.


En conclusion

La culpabilité n’est pas un verdict. C’est une sonnette d’alarme, une invitation à écouter ce qui compte vraiment pour nous.

En CNV, il ne s’agit pas de l’éliminer ou de la faire taire, mais de la transformer. De passer de la soumission au jugement à la responsabilité de nos choix.

La culpabilité disparaît peut-être, mais il reste parfois des regrets ou de la tristesse. Et c’est très bien ainsi : c’est le signe que nous tenons à nos valeurs.

Alors, la prochaine fois que la culpabilité viendra frapper à votre porte, vous pourrez peut-être lui dire :« Merci pour le rappel. Je prends note. Et maintenant, je choisis d’avancer. »




Olivier Babando formateur en Communication NonViolente
Olivier Babando

Formateur en Communication NonViolente certifié par le CNVC (Center for NonViolent Communication)



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1 commentaire


Merci, très bel écrit, si juste rappel .. fluide à lire , et si essentiel à se rappeler , encore et en-corps, pour intégrer celà avec plus de sagesse et d'équanimité. Merci Olivier. Je partage ce texte qui saura en soutenir d'autres dans leur processus de vie et prises de conscience intérieurs , pour eux même et leur environnement relationnel quel qu'il soit. Merci

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